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Libération
Reportage

Les Tibétains boycottent un nouvel an orchestré par Pékin

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Chine. Face aux tensions croissantes, le Parti envoie des troupes et déploie sa propagande.
publié le 25 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 25 février 2009 à 6h52)

Tapez «Tibet, nouvel an» sur Internet en Chine. Vous obtiendrez le reportage de Chine Nouvelle du jour : «Degyi Drolkar déambule joyeusement dans son nouvel appartement de 198 m² à Gongka, près de Lhassa, qu'elle a décoré pour le nouvel an tibétain. Elle a accroché les portraits d'anciens et actuels dirigeants chinois, dont celui, en évidence, du président Mao.» De son côté, le Quotidien du Peuple annonce que le gouvernement a offert des bons de 800 yuans (90 euros) à 68 000 familles pauvres «pour passer un nouvel an heureux». Une soirée de gala de quatre heures était annoncée à la télévision hier soir, veille du Losar, le nouvel an tibétain.

«Ils voudraient nous obliger à nous amuser comme d'habitude, pour montrer que tout va bien», explique Tsewang, commerçant tibétain de 27 ans. A Kangding, une petite ville du Kham, dans le Tibet oriental, où était Libération la semaine dernière, la police armée veille aux festivités. Un nouveau camp a été installé ces derniers jours, et la police patrouille dans les rues jour et nuit à l'approche du Losar. Ce nouvel an tibétain marque le premier anniversaire des émeutes de mars 2008, qui avaient fait 200 morts selon le gouvernement tibétain en exil, et une vingtaine, tous Chinois, selon Pékin.

Matraques. De nombreux Tibétains, comme Tsewang ont décidé de le boycotter : «Je vais rester à la maison, prier les victimes de mars, tous ces gens morts pour 6 millions de Tibétains.»