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Libération
Critique

L’horreur est roumaine

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Histoire. La «solution finale» selon la dictature Antonescu.
publié le 26 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 26 février 2009 à 6h52)

C'est un texte doublement miraculé que cette enquête sur l'extermination de plus de 350 000 Juifs roumains et ukrainiens par le régime du dictateur Ion Antonescu pendant la Seconde Guerre mondiale. Les éléments qui nourrissent ce «livre de sang et de larmes écrit avec du sang et des larmes», selon son auteur, Matatias Carp, ont été recueillis au jour le jour pendant la catastrophe elle-même, au risque de sa vie, par cet avocat juif et brillant pianiste à ses heures, fils d'une famille intellectuelle juive assimilée. Tout à la fois chroniqueur, mémorialiste et archiviste, il voulait montrer au quotidien la destruction de ce qui était numériquement la troisième communauté juive d'Europe.

Publié juste après la guerre à Bucarest, ce document de plus de mille pages, qui tient une place de choix dans «la bibliothèque de la catastrophe» - récits et témoignages écrits à chaud pendant la Shoah - avait été depuis oublié, enterré par le régime stalinien. Il le serait resté sans la constance du professeur de médecine Gérard Saimot, neveu de l'auteur, et de l'historienne Alexandra Laignel-Lavastine, fascinée par «cette incroyable entreprise qui a consisté quatre années durant à collecter matériaux, photographies et témoignages dans des conditions extrêmement périlleuses surtout pour un Juif». Son très impressionnant travail de notes et présentation se réfère à de nombreux textes littéraires et documents sortis depuis.

Massacres systématiques.Les