Au moment du verdict de copieux sifflets ont éclaté. Dans la salle comble du tribunal du travail de Berlin, plusieurs personnes dénoncent à haute voix cette «justice de classe», qui permet au patron de Deutsche Telekom de finir ses jours dans sa propriété italienne (une fois versée l'amende de 1 million d'euros à laquelle il a été condamné pour évasion fiscale vers le Liechtenstein) mais condamne Barbara E., surnommée «Emmely», au chômage pour avoir détourné 1,30 euro…
Mère de famille et grand-mère de 50 ans, Barbara E. a passé une bonne partie de sa vie derrière la caisse d’un supermarché de Berlin-Est. En 1977, elle commence à travailler pour l’organisme de distribution Est-allemand HO, racheté par le groupe ouest-allemand Kaiser’s à la chute du Mur. En novembre 2007, Barbara E. prend la tête d’un mouvement de protestation des salariées contre les conditions de travail dans la grande distribution. Fin janvier, elle est licenciée sans préavis : «Emmely» aurait, selon son employeur, présenté à la caisse le 22 janvier deux bons de consigne d’une valeur de 48 et 82 centimes oubliés par un client et se les serait fait rembourser. Valeur totale du litige : 1,30 euro.
Collimateur. Barbara E. porte plainte. Ses arguments semblent convaincants. Kaiser's ne l'a priée de s'expliquer que trois jours après les faits, une fois détruits les enregistrements vidéo qui pourraient prouver son innocence. Barbara E. se savait dans le collimateur. Pourquoi aurait-elle co