Que diraient ces deux enfants, s’ils en avaient l’occasion, au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui doit visiter ce week-end l’est de la république démocratique du Congo ? Ces deux jeunes sœurs, déplacées par la guerre comme des centaines de milliers d’autres, vivent dans le camp de Bulengo, à la sortie de Goma, capitale de la province du Kivu, épicentre de toutes les crises dans la région des Grands Lacs.
Sont-elles nées dans ce camp, ces fillettes, qui n’ont connu que de courtes périodes d’accalmie entre deux soubresauts d’une région en guerre depuis 1996 ? Ou sont-elles arrivées là lors des combats de l’automne dernier entre l’armée gouvernementale congolaise et les rebelles du CNDP, un groupe alors dirigé par Laurent Nkunda, un Tutsi congolais en guerre contre le pouvoir central de Joseph Kabila ? Nkunda, soutenu à l’époque par le Rwanda, avait ravagé une bonne partie du Nord-Kivu. L’armée congolaise n’avait pas été en reste, pillant tout sur son chemin dans sa déroute.
Une nouvelle vague de déplacés est arrivée à Goma à la faveur du dernier retournement d’alliances dont sont coutumiers les Grands Lacs. Cette fois-ci, les armées rwandaises et congolaises ont uni leurs efforts, pour chasser les rebelles hutus des FDLR, eux aussi réfugiés dans la zone depuis 1994. Traqués jusqu’au fond de la forêt, les miliciens, plutôt que de combattre un ennemi supérieur en nombre et en armement, s’en sont pris aux civils. Le 13 février, Human Rights Watch dénonçait le ma