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Libération
Portrait

Omar el-Béchir, l’homme de paille puis la poigne de fer

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Porté au pouvoir en 1989, il s’est débarrassé des gêneurs au fil du temps.
publié le 5 mars 2009 à 6h51

Secrètement, Omar el-Béchir a dû se réjouir. Il n'a pourtant rien d'un provocateur à la Robert Mugabe, il n'est pas un histrion sanguinaire comme feu Idi Amin Dada. Mais chez cet homme peu connu, malgré deux décennies passées au pouvoir, le goût du secret le dispute à la vanité. Le mandat d'arrêt de la CPI fait de lui un paria en Occident mais, pour bon nombre de ses pairs arabes et africains, il est désormais un «martyr» , le symbole du «néocolonialisme» judiciaire de l'Occident.

Au pays, la machine de propagande du régime s'est mise en branle depuis que le procureur de la CPI a désigné Omar el-Béchir, 65 ans, comme le maître d'œuvre des exactions au Darfour. Le président soudanais apparaît désormais sur de grandes affiches, tout au long de la grande avenue qui longe l'aéroport de Khartoum, tantôt en djellaba et turban traditionnel, tantôt avec son képi militaire. Ce culte de la personnalité est nouveau au Soudan. El-Béchir, qui apparaissait rarement en public, a multiplié les rassemblements, commençant par une grande tournée au Darfour en juillet. On l'y a vu danser devant ses partisans, agitant sa canne en l'air comme les chefs tribaux. «On pensait que l'inculpation l'affaiblirait. Au contraire, elle l'a renforcé , raconte un observateur bien introduit dans les cercles de pouvoir soudanais. Ça l'a comme dopé. On lui a dit : "En tant que chef, tu es responsable de tout." Il a dit banco et depuis, il veut tout décider seul.» Il aurait d'