Pour une fois, Erika Steinbach a fait l'unanimité. Sa décision de ne pas présenter sa candidature à la tête du futur mémorial berlinois consacré aux déplacements de populations après la Seconde Guerre mondiale a été saluée tant en Pologne que dans les rangs de son parti, la CDU conservatrice d'Angela Merkel. Depuis des mois les relations diplomatiques entre Berlin et Varsovie étaient empoisonnées par sa volonté de présider le mémorial, projet de musée destiné à rappeler la situation de 60 à 80 millions de déplacés en Europe dans la première moitié du XXe siècle.
Une partie de cette exposition permanente sera consacrée à l’exode forcé des Allemands à la fin de la Seconde Guerre. Après la défaite nazie, 12 à 14 millions d’Allemands sont expulsés d’Union soviétique, de Pologne, de Tchécoslovaquie, de Roumanie et de Yougoslavie… Environ 2 millions de déplacés meurent lors de ce vaste exode. Depuis des années, Erika Steinbach et sa Fédération des expulsés allemands (BdV) luttent pour leur indemnisation et pour la reconnaissance des souffrances subies par la population civile à la fin de la guerre, abandonnée par la Reichswehr, l’armée allemande en pleine débâcle, et livrée à la soif de revanche de l’Armée rouge. Jusqu’à la chute du mur, l’évocation de ce chapitre de la guerre est restée tabou : à l’Ouest du pays où les expulsions sont perçues comme un retour de bâton pour les exactions commises par les nazis ; à l’Est, où le grand frère soviétique est présenté comme le