Les rares humanitaires et organisations internationales encore présents au Sri Lanka sont unanimes : tous font état d'une «situation catastrophique» qui s'aggrave «sévèrement» depuis l'intensification, au début de l'année, de l'offensive gouvernementale contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) dans le nord-est de l'île. Dans cette guerre à huis clos, les chiffres donnent lieu à des polémiques, mais plusieurs sources jugent crédible le bilan des 2 000 morts et 5 000 blessés entre janvier et fin février.
Une humanitaire française, qui veut garder l'anonymat pour continuer à travailler sans risque, redoute un «bain de sang» dans le réduit où les Tigres sont retranchés, au nord de Mullaitivu, sur une bande côtière de 15 km de long et un de large environ. En vingt-cinq ans, le conflit a fait plus de 70 000 morts. Autour de Putumattalan, plus de 200 000 personnes sont acculées en bord de mer. Les Nations unies multiplient les observations satellites qui témoignent du chaos humanitaire depuis trois semaines. «Ces gens sont piégés, ils doivent faire face aux bombardements et aux échanges de coups de feu, confirme Jacques de Maio, chef des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Asie du Sud. Il n'y a pas d'hôpitaux, ni centre de soin.»
Pénurie. Le CICR est la seule organisation à intervenir dans cette zone, bouclée à la presse et aux autres ONG. La Croix-Rouge, qui y accède par la mer,