Pendant qu'Omar el-Béchir parade à Khartoum, ses soutiens internationaux donnent de la voix. Le président soudanais a fait sa première apparition publique, hier, depuis l'annonce du mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI) à son encontre pour «crimes de guerre» et «crimes contre l'humanité au Darfour». Devant plusieurs milliers de supporteurs rassemblés au centre de la capitale soudanaise, le Président a juré qu'il ne se mettrait pas «à genoux devant les colonialistes». «Cela fait vingt ans que nous sommes sous la pression du néocolonialisme et de ses instruments comme la CPI, le Conseil de sécurité des Nations unies et le FMI», a-t-il déclaré entre deux professions de foi musulmanes. Les ONG sont, pour lui, elles aussi les instruments de ce complot. «Les véritables criminels, ce sont les leaders des Etats-Unis et de l'Europe.»
Nord-Sud. El-Béchir a vu juste en se plaçant sur le terrain de l'affrontement Nord-Sud. La géographie de ses soutiens épouse exactement la carte Occident contre le reste du monde. La Chine, la Russie, la Ligue arabe, l'Union africaine, l'Organisation de la conférence islamique ont tous, d'une manière ou d'une autre, exprimé leur désaccord avec la décision des juges de La Haye. Pékin, qui achète deux tiers du pétrole soudanais, demande la «suspension» de la procédure contre Omar el-Béchir. L'article 16 du traité de Rome, instaurant la CPI, permet, en effet, la suspension pour dou