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Libération
Interview

«Pékin permet l’expression d’une haine ethnique»

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L’Américain Robbie Barnett, spécialiste du Tibet :
publié le 10 mars 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 mars 2009 à 6h51)

Robbie Barnett, auteur de nombreux ouvrages sur le Tibet, dirige le Centre d’études tibétaines modernes de l’université de Columbia, à New York. Il est l’un des meilleurs connaisseurs du Tibet.

Quelle a été la politique chinoise au Tibet depuis cinquante ans ?

Pendant les huit premières années qui ont suivi l'invasion du Tibet [en 1951, ndlr], la Chine a tenté de faire des compromis avec l'élite tibétaine, les aristocrates et la hiérarchie religieuse, sans jamais parler de réforme. La fuite du dalaï-lama en Inde, il y a cinquante ans, a marqué la fin de cette tentative du dirigeant chinois, Mao Zedong, d'accepter la réalité de la situation. Au cours des vingt années suivantes, Mao a redistribué les terres à la classe paysanne, déclenchant une inimaginable période de férocité, de meurtres et de ferveur idéologique. Tout change en 1979 : Deng Xiaoping annonce une sorte d'entente avec l'élite tibétaine, qui est réhabilitée, et encourage un renouveau culturel. En 1980 à Lhassa, le secrétaire général du Parti communiste chinois, Hu Yaobang, s'excuse pour les atrocités passées et annonce que les cadres chinois au Tibet seront graduellement remplacés par des Tibétains. Un geste extraordinaire et impensable aujourd'hui ! L'ouverture débouche, au début des années 90, sur une politique de soutien à la classe moyenne tibétaine. Cette période durant laquelle les Chinois ont fait preuve de leur capacité d'accepter la société tibétaine dans sa totalité, était sans conteste la plus prometteuse pour l'avenir du Tibet. Aujourd'hui, ils s'en éloignen