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Libération
PAR EMMANUEL TUGNY

A quoi sert le Prince Charles ?

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Où l'on traite de l'inutilité toute relative de l'héritier de la couronne, en tournée latino-américaine.
Etape à Valparaiso, au Chili, mardi. (REUTERS)
par PAR EMMANUEL TUGNY
publié le 11 mars 2009 à 16h47
(mis à jour le 11 mars 2009 à 16h48)

A quoi sert-on quand on ne sert à rien? S’agissant de l’impavide et rubescent Prince Charles dont la visite est attendue au Brésil avec une très cordiale et chaleureuse indifférence, c’est évidemment la question.

Les sophistes nous apprennent que si le non-être est le contraire de l'être c'est qu'il est quelque chose. Ne servir à rien, c'est donc encore servir, à les croire, à quelque chose. Mais à quoi, good lord? A une fondamentale chose: ne servir à rien, c'est exercer sur autrui l'influence libératoire de l'innocuité, c'est engager l'autre qui est sans crainte à parler sans crainte ni intérêt, à s'affirmer «tel qu'en lui même enfin l'éternité le change» (Mallarmé).

Il est incontestable que le Prince Charles sert à quelque chose, ne servant à rien: il est une caisse de résonance où ses interlocuteurs s’entendent, un miroir où ils se mirent, sans peur ni espérance. Il n’est rien que celui qu’il rencontre, il est une aliénation sur deux jambes de ceux qu’ils rencontrent, il les campe, il les singe, il les clône.

Ne les écouterait-il pas (comment le pourrait-il, d’ailleurs, vraiment: celui qui ne sert à rien n’est pas pour autant un rien d’homme) que cela ne changerait rien, le Prince Charles est un accoucheur spéculaire, le fréquenter, c’est se fréquenter, le rencontrer, c’est se rencontrer, le toucher, si j’ose dire, c’est se toucher...

Il est bien des inutiles, me dira-t-on et qui ne déplacent point autant les foules, fussent-elles distraites... C’est exact mais le P