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Libération
PAR BASTIEN GALLET

De la relativité des morts politiques: Bobby Sands et l'IRA véritable

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Ceux qui ont revendiqué les trois assassinats perpétrés ces derniers jours en Irlande du Nord sont des «Vrais». Comme le gréviste de la faim mort en 1981. Pourtant, leurs combats ne sont pas les mêmes.
Image extraite du film «Hunger» de Steve McQueen. (DR)
par PAR BASTIEN GALLET
publié le 11 mars 2009 à 17h12
(mis à jour le 11 mars 2009 à 17h13)

Ils se sont nommés «The Real IRA» ou «The True IRA», l’IRA réel, vrai authentique. Contre les autres, les faux, les traîtres, ceux qui, en 1997, après trois ans d’un cessez-le-feu à éclipses, choisirent de négocier et qui, un an plus tard, approuvèrent l’accord (dit du Vendredi Saint) qui organisait le partage du pouvoir entre unionistes et nationalistes. Les «Vrais» ont revendiqué les trois assassinats perpétrés ces derniers jours en Irlande du Nord, deux soldats anglais tués samedi dans leur base de Massereene, un policier irlandais mardi à Craigavon, au nord-ouest de Belfast, pendant une patrouille. C’est une vieille histoire, vieille comme la politique.

Au croisement des chemins de lutte et de résistance, quand la tectonique des opinions publiques et des jeux politiques rapproche les ennemis longtemps jurés, il y a toujours ceux qui considèrent que le moindre détour, la moindre mise entre parenthèses des finalités du combat (pour aller vite, l’unification de l’Irlande) vaut trahison pure et simple. Eux, ce sont les vrais donc.

Vrai comme le fut Bobby Sands mort le 5 mai 1981 après soixante-six jours de grève de la faim dans la prison de Maze parce que le gouvernement britannique refusait de leur accorder le statut de prisonniers politiques.

C’est une scène de Hunger - le film que Steve McQueen consacra au combat des incarcérés de Maze. Un plan fixe de vingt-deux minutes au centre presque exact du film. Un membre modéré de l’IRA, Le père Dominic Moran, demande à Bobby Sands