Gabriel Doherty est historien, spécialiste de l’Irlande du Nord à l’université de Cork (Irlande). Il revient sur les attaques en Ulster, qui ont tué deux soldats (samedi) et un policier (lundi).
Le processus de paix est-il menacé ?
Je ne crois pas que ces attaques puissent le faire dérailler. Elles peuvent même, au contraire, le renforcer. La taille, l'importance et le faible degré de soutien populaire de l'IRA-Véritable et de l'IRA-Continuité laissent plutôt à penser, en dépit de ces attaques, que ces groupes peuvent être contenus par les forces de sécurité. Un retour à la «guerre» n'est pas souhaité par la fraction de la communauté républicaine qui avait soutenu, à l'époque, les campagnes de l'IRA. Les condamnations des récentes attaques par Sinn Féin sont d'ailleurs très significatives. On ne distingue pas de volonté de revenir à des campagnes armées, ce qui n'est pas surprenant vu l'investissement de temps et d'énergie qui a été dépensé dans le processus de paix. Il ne semble pas non plus y avoir de risque de représailles de la part des groupes paramilitaires loyalistes qui pourraient provoquer une escalade, même s'il n'est pas exclu que des groupes marginaux se manifestent. Enfin, même s'il existe des tensions internes, il y a peu de chance que l'alliance politique au sein du «gouvernement partagé» entre les unionistes du DUP [Democratic Unionist Party, ndlr] et Sinn Féin se fracture sur ce problème-là.
Que veulent ces groupes dissidents et quel est leur poids chez les républicains ?
L’IRA-Véritable et l’IRA-Continuité veulent une République d’Irlande souveraine, unie, indépendante