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Libération
Interview

«Les individus dangereux sont ceux qui ne laissent pas sortir leurs émotions»

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L’auteur Marc Höpfner avait pris les tueries pour thème de son premier roman :
publié le 13 mars 2009 à 6h51

L'écrivain Marc Höpfner, est notamment l'auteur du roman Pumpgun qui aborde la question des tueries commises dans les établissements scolaires par des élèves ou anciens élèves.

Avez-vous été surpris par la tuerie de Stuttgart ?

La répétition de faits identiques me touche profondément. Mon premier roman, Pumpgun, traite de ces tueries. Je l'ai écrit en 1999, avant Columbine. J'avais 18 ans, et je venais d'échapper à un grave accident de voiture qui a fait plusieurs morts. Lorsque j'ai repris connaissance, il y avait autour de moi foule de gens qui regardaient la scène, remplis de curiosité. Pour ces gens, la vue de voitures en feu avait le caractère fascinant que peuvent avoir les informations télévisées. La vision de ces gens, dépourvus d'émotions face à la souffrance des autres à force d'en être abreuvés par la télévision ne m'a plus quitté. C'est un peu le même phénomène qui se passe avec ces jeunes, abreuvés de jeux vidéo. Ils voient le monde comme un jeu vidéo et peuvent tirer sur des êtres vivants sans éprouver la moindre émotion…

On retrouve ce genre d’actes de violence aux Etats-Unis, dans le nord de l’Europe mais aussi en Allemagne pourquoi ?

Ici, beaucoup de conflits et d’agressivité restent rentrés, ne sortent pas. Les individus dangereux sont ceux qui ne laissent pas sortir leurs émotions. L’Allemagne est par ailleurs une société qui travaille beaucoup sur la culpabilité. Pour un enfant, il est impensable de jouer avec des armes, même en im