Le pape est certes dogmatiquement infaillible, mais il sait aussi reconnaître ses fautes. Dans une lettre aux évêques du monde rendue publique hier par le Vatican, le très conservateur Benoît XVI a admis avoir commis des «erreurs» et mal géré la levée de l'excommunication des quatre évêques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, notamment en ne sachant pas expliquer «de façon suffisamment claire» la «portée et les limites» de cette «main tendue». Et surtout, il insiste à nouveau sur le fait qu'il ignorait les positions négationnistes de l'un de ces évêques, Richard Williamson. Le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, a insisté hier sur le ton «personnel» et «inhabituel» de cette missive destinée à rasséréner les catholiques troublés par la malencontreuse gestion de l'affaire par le souverain pontife.
Le 21 janvier, peu avant la levée de l'excommunication, première étape du processus pour leur réintégration dans l'Eglise, cet évêque intégriste aux sympathies affichées pour l'extrême droite, déclarait à une télévision suédoise que «quelque 200 à 300 000 Juifs ont péri dans les camps de concentration mais pas un seul dans les chambres à gaz». Le tollé fut immédiat, y compris dans une bonne partie du monde catholique. C'est en Allemagne, au début si fière de ce pontife allemand, que l'indignation fut la plus forte, et la chancelière Angela Merkel jugea les explications et les clarifications du Vatican «insuffisantes».