«Il était écrit depuis longtemps que je devrais perdre la vie, et qui me la prendrait. Une seule chose restait à écrire : quand.» Le journaliste sri-lankais Lasantha Wickrematunge, rédacteur en chef du Sunday Leader, était tellement sûr d’être un jour éliminé par le pouvoir qu’il avait écrit, par précaution, un ultime éditorial à publier à titre posthume. Son texte est paru le 11 janvier : trois jours plus tôt, Lasantha avait été tué, criblé de balles dans sa voiture par des motards armés. A la tête de son hebdomadaire réputé pour ses articles d’investigation et ses positions anti-establishment, le journaliste de 52 ans avait souvent dénoncé la corruption mouillant les cercles politiques.
Deux jours avant cet assassinat, les locaux de la chaîne de télévision privée Maharajah TV avaient été détruits à la grenade par une quinzaine d'hommes masqués. Et le 23 janvier, c'était au tour d'Upali Tennakoon, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Rivira, d'être poignardé en plein jour dans sa voiture. Ce ne sont là que les trois derniers exemples des violences subies par les médias sri-lankais. Au total, neuf journalistes ont été tués depuis 2006, et au moins vingt-huit autres attaqués. Sans que personne n'ait jamais été condamné. Après chaque agression, vivement condamnée par la communauté internationale et les organisations de défense des médias, le chef de l'Etat, Mahinda Rajapakse, a promis de retrouver les coupables. Mais bien que personne n'ose le dire ouvertement, les