Ce Président gagnerait à ne pas avoir été candidat. Libéral et atlantiste, le candidat Sarkozy, «Sarko l'Américain» comme il aimait qu'on l'appelle, n'avait en tête que la «rupture» avec tout ce qui faisait la singularité française - la pérennité d'un modèle socio-économique très éloigné des canons anglo-saxons comme la posture gaulliste d'affirmation nationale au sein du camp occidental. Il était si convaincu que «l'impôt tue l'impôt» et que la richesse des plus riches contribue au bien-être de tous, si imprégné des dogmes dominant le monde depuis les années 80, que sa première mesure avait été d'offrir un «bouclier fiscal» aux grandes fortunes. Il était si pénétré de l'idée que les Etats-Unis étaient le chef de file naturel des Occidentaux et qu'il n'y avait que nostalgie de puissance à vouloir afficher une différence que, sitôt élu, il avait annoncé à un Gordon Brown éberlué que la France reviendrait, sans tarder, dans le commandement intégré de l'Otan.
La «rupture» allait bon train mais il y eut la crise géorgienne et le krach de Wall Street. Nicolas Sarkozy fut rapide à sentir le vent tourner et à tourner avec lui, à se déjuger dans des retournements aussi louables sur le fond que stupéfiants de soudaineté. Lui qui avait tant dénoncé l’autoritarisme russe, lui qui avait tant admiré l’atlantisme de ce jeune président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, en qui il avait vu un autre lui-même, a donné acte aux Russes que ce n’était pas eux mais la Géorg