Cher Jack Lang,

Comme convenu lors de notre rencontre impromptue lors de l’inauguration du Salon du livre de Paris, nous vous écrivons pour vous faire part de notre opinion sur la situation dans notre pays d’origine, Cuba, et sur votre récent voyage en tant qu’émissaire spécial du président de la République, Nicolas Sarkozy. Nous nous permettrons d’exprimer quelques suggestions sur les initiatives que vous-même et le gouvernement français pourraient prendre afin de contribuer à la nécessaire démocratisation dans l’île.

Vous avez pu constater que, quelques jours après votre séjour, des membres importants de la direction cubaine, avec lesquels vous aviez certainement discuté, ont fait l’objet d’une purge dans le plus pur style stalinien, avec lettres d’autocritique publique (pratiquement identiques) de la part des anciens ministres Felipe Pérez Roque et de Carlos Lage. Ces deux hommes avaient grandement contribué à la répression contre la dissidence et à l’asservissement de notre peuple. Mais, vous pouvez le constater, même eux n’étaient pas à l’abri d’une soudaine disgrâce. Car les frères Castro ont toujours considéré que ce pays et les gens qui y habitent sont leur propriété et qu’ils peuvent disposer de leur vie et de leur destin comme bon leur semble.

Nous n’entendons pas nous lamenter sur le sort de ces dignitaires du régime détrônés par le seul héritier possible de la dynastie au pouvoir : Raúl Castro. Mais il serait bon que vous vous interrogiez sur la confiance que vous p