Alors que la saison tauromachique vient tout juste de commencer, il y a une odeur de soufre dans le monde du toreo espagnol, avec en toile de fond cette question : toréer est-il un art ou une activité comme une autre ? Les matadors de haut vol penchent évidemment pour la première hypothèse mais, du même coup, renvoient l'immense majorité de leurs collègues à leur seul courage… Cette polémique enchante la presse et promet de provoquer ovations et sifflets, selon les sensibilités, dans les grandes arènes cette saison.
Frasques. Tout commence le 27 février, lorsque le ministère de la Culture remet la médaille des Beaux-arts à Francisco Rivera Ordoñez, un torero bellâtre moins connu pour la qualité de ses passes (on ne le voit pas souvent face aux toros) que pour ses frasques avec des mannequins dont se repaissent les magazines glamour. Un des matadors les plus en vue, l'esthète Morante de la Puebla, réagit au quart de tour : «Tous les toreros ont du mérite, mais tous ne pratiquent pas de l'art […]. Ce choix est une honte.»
L'intéressé fait profil bas. Il reconnaît même ne pas faire partie de l'élite tauromachique et, pour faire bonne figure, admet que la médaille est une «une récompense de [sa] trajectoire, [sa] vie, [son] effort». En clair, je ne suis pas génial, mais même si je torée de moins en moins, je ne démérite pas car j'ai beaucoup donné par le passé. L'affaire aurait dû en rester là. Mais l'ex-beau-frère du bellâtre, Cayetano Martinez de Iruj