Ce n’était pas de l’altruisme. Ce n’est pas par générosité que les conseils d’administration des grandes sociétés avaient pris l’habitude, depuis trois décennies, de garantir aux gestionnaires de leurs entreprises ces invraisemblables revenus qui font, aujourd’hui, scandale.
Contrairement à ce qu’ils disaient, ce n’était pas, non plus, pour s’assurer la collaboration des meilleurs d’entre eux car il aurait suffi que la norme reste partout plus basse, moins obscène, pour que le problème ne se pose pas. Non, si les principaux actionnaires des entreprises industrielles et financières, leurs vrais propriétaires, ceux qui siègent à leurs conseils, donnaient à leurs présidents et directeurs généraux des stock-options, des paquets d’actions qu’ils pourraient vendre à terme, c’est qu’ils avaient un intérêt personnel à leur offrir ce moyen de s’enrichir.
Dès lors que les revenus des managers dépendaient beaucoup moins de leurs salaires que de leurs stock-options, leur préoccupation première devenait de faire cracher du dividende aux entreprises afin qu’augmente la valeur des actions, les leurs comme celles des propriétaires. C’est un pacte d’intérêt commun que les grands actionnaires avaient passé depuis trente ans avec leurs gestionnaires et c’est ainsi que l’obsession première des entreprises était devenue la réduction des coûts salariaux - diminution des effectifs, blocage des salaires et précarisation de l’emploi.
Moins le travail coûtait aux entreprises, plus augmentaient les rev