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Libération
TRIBUNE

Mais que veulent les Tibétains ?

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publié le 25 mars 2009 à 6h53

La question plonge de nombreux Chinois dans la perplexité. Et le fait qu'ils se la posent sincèrement est troublant. Depuis 2001, argumentent-ils, les investissements de Pékin permettent à la Région autonome du Tibet une croissance de 12 % par an, supérieure à celle de la Chine. Des villes modernes ont remplacé les villages en pisé, les routes et le chemin de fer ont désenclavé un quart du territoire chinois. Partout, on construit des logements, des hôpitaux, des usines, et bientôt un quatrième aéroport. Les Tibétains bénéficient du privilège inestimable d'échapper à la politique de l'enfant unique, la pire des contraintes en Chine. Ils ont droit à deux enfants pour les cols blancs et plus pour les nomades. Que veulent-ils de plus ? Beaucoup de Chinois, par ailleurs critiques sur bien des aspects du régime, se ferment à l'évocation du problème tibétain. A Pékin, des dîners entre amis tournent au vinaigre : «Vous, les Occidentaux, pourquoi défendez-vous le dalaï-lama ?» Ce n'est pas qu'un effet de la propagande, même si Pékin offre un festival ce printemps, en ce cinquantième anniversaire de la Libération des serfs au Tibet. La plupart des Chinois décryptent la novlangue du Parti et ne se privent pas de s'en moquer. Mais sur la question du Tibet, beaucoup relaient le matraquage du PCC : le dalaï-lama est un séparatiste masqué, les émeutiers de mars sont des voyous et les Tibétains mécontents, en gros, des ingrats.

Le Toit du monde est sans doute aujourd'hui le seul poin