C’est le véritable début du «procès des Khmers rouges». Aujourd’hui, Douch, chef tortionnaire du centre d’interrogatoires S-21, un lycée de Phnom Penh où au moins 12 380 personnes ont été torturées et tuées entre 1975 et 1979, commencera à répondre aux juges cambodgiens et étrangers, après une première comparution formelle le 17 février. Ce procès est le premier sur des crimes de masse commis pendant le régime du Kampuchéa démocratique (nom officiel du gouvernement khmer rouge) entre avril 1975 et janvier 1979.
Les audiences qui vont se succéder à cadence rapide promettent donc d’être un événement majeur : non seulement Douch, qui s’est converti au christianisme dans les années 1990, après la déroute, s’exprimera pour la première fois face aux juges et, par médias interposés, devant la population cambodgienne, mais aussi des témoins cruciaux seront entendus : Vann Nath, le prisonnier qui n’a dû son salut qu’à son talent de peintre (il réalisait des portraits de Pol Pot pour «décorer» le centre de torture), Chum Mey, survivant de S-21, ou encore François Bizot, l’expert français du bouddhisme, que Douch a détenu pendant trois mois en 1971 avant de le faire libérer.
«Documentation». Pourquoi Douch, qui en tant que chef de S-21 est DAVANTAGE un exécutant zélé et aveugle du régime du Kampuchéa démocratique qu'un «haut responsable», est-il le premier Khmer rouge à être jugé ? «En grande partie, répond une juriste qui suit la procédure depuis 2005,