Tantôt président, tantôt Premier ministre, Milo Djukanovic affiche un record de longévité au pouvoir susceptible de faire pâlir d’envie n’importe quel dictateur ou roitelet. D’autant plus qu’il lui vient des urnes. Au pouvoir depuis plus de vingt ans, il a décroché une nouvelle victoire lors des législatives de dimanche au Monténégro. Sa Coalition pour un Monténégro européen a même remporté la majorité absolue des voix.
A 47 ans, Djukanovic n’a pratiquement jamais eu d’autre activité que de gouverner. Au gré des courants, ce qui lui a permis de survivre. Car il est le seul dirigeant encore au pouvoir à avoir exercé une haute fonction avant la dissolution de l’ex-Yougoslavie, intervenue en 1991. Il n’avait pas encore 27 ans, en janvier 1989, quand il orchestra avec des camarades l’éviction de la vieille garde communiste monténégrine, une opération qui devait accroître l’emprise de l’ancien homme fort de Belgrade Slobodan Milosevic sur l’ex-Yougoslavie.
A peine vient-il de prendre le poste de Premier ministre du Monténégro que la guerre éclate en Yougoslavie. Allié de Milosevic, il prend ses distances après la conclusion des accords de Dayton qui, en 1995, scelle la paix en Bosnie. Car il comprend que la politique de défi à l’Occident, qui a conduit aux sanctions contre l’ex-Yougoslavie, mène l’économie à sa perte. Devenu président de la République en 1997, il se lie à l’opposition démocratique serbe. Mais il opère un nouveau tournant lors de la guerre du Kosovo après les frappe