Pascal Bruckner fait montre dans sa tribune (Libération du 11 mars, «L'antiracisme, nouvelle idéologie des dictatures») d'une remarquable constance. Il avait déjà fait campagne contre la tenue de la conférence mondiale contre le racisme en septembre 2001. Le tableau apocalyptique du monde qu'il dressait était, dans la ligne de Samuel Huntington, celui d'un conflit inéluctable entre l'Occident et les dictatures. Hier comme aujourd'hui, sa position reste le boycott de la conférence par «les démocraties véritables».
Pourtant, la première conférence de Durban avait fait adopter par tous les Etats présents une déclaration et un programme d’action contre le racisme. Ces deux documents constituent les instruments les plus complets à ce jour contre toutes les formes de racisme. Donc, «démocraties» et «dictatures», pour reprendre les catégories de Bruckner, ont réussi à élaborer ensemble une feuille de route contre le racisme, réunissant tous les pays présents (à l’exception des Etats-Unis et d’Israël qui, après avoir participé au long processus de préparation, se sont retirés au lendemain de l’ouverture de la conférence). Aucune trace d’antisémitisme dans ces documents officiels que Bruckner omet de citer.
Trois conférences mondiales (1978, 1983 et 2001) ont été consacrées au racisme répondant ainsi à la réflexion du dramaturge allemand Bertold Brecht au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : «Le ventre est encore fécond d'où est sortie la bête immonde.» La rec