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Libération
Interview

«Obama est conscient de la faiblesse d’Islamabad»

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Simon Serfaty, expert américain des questions de sécurité :
publié le 31 mars 2009 à 6h51

Vendredi, en présentant la nouvelle stratégie américaine en Afghanistan, Barack Obama a annoncé, outre les 17 000 soldats supplémentaires, l’envoi de 4 000 instructeurs militaires, chargés de former l’armée afghane, et de plusieurs centaines de civils, experts en développement, pour participer à la reconstruction économique et politique du pays. Washington entend également placer le Pakistan voisin, au cœur de la lutte contre l’insurrection islamiste. L’analyse de Simon Serfaty, spécialiste des questions de sécurité et géostratégiques, chercheur au Centre d’études internationales et stratégiques (CSIS) à Washington.

En quoi la stratégie énoncée par Barack Obama pourrait-elle améliorer la situation en Afghanistan ?

Le volet militaire seul n’est plus suffisant, il doit être accompagné de mesures en faveur du développement politique et économique du pays. Il s’agit ainsi de mettre en place une stratégie à quatre temps : stabilisation du pays, reconstruction, réhabilitation du gouvernement afghan et réconciliation nationale. Toutes choses que les alliés des Etats-Unis réclament depuis des années… Cette approche, mise en œuvre dès l’an dernier par la précédente administration, démontre que le dossier afghan est redevenu une priorité pour Washington. L’Irak a perdu de son urgence. Si l’Afghanistan revient au centre du débat, c’est simplement parce qu’il n’est pas question pour les Etats-Unis de rester embourbés dans ce conflit indéfiniment.

Placer le Pakistan au centre de la lutte contre l’insurrection afghane ne représente-t-il pas un risque de voir la spirale de la violence s’amplifier ?

Ce serait vivre au pays des illusions que de négliger le Pakistan. Personne ne peut raisonnablement affirmer qu’il n’y a pas de lien direct en