Douch se lève droit comme un piquet dans le box des accusés. D'une main légèrement tremblante, il tient une feuille de papier. Son moment est venu : «Les crimes commis pendant la période du Kampuchea démocratique [le régime communiste khmer rouge entre 1975 et 1979, ndlr] ont été immenses. En tant que membre du Parti communiste du Kampuchea démocratique, je reconnais que je suis responsable de ces crimes.»
«Ordres».Son regard est dirigé vers les cinq juges, cambodgiens et étrangers, mais, pas un seul instant, il ne se tourne vers les avocats des parties civiles qui représentent les victimes torturées et exécutées dans le centre d'interrogatoires S-21, qu'il a dirigé pendant la période khmère rouge. Il poursuit : «Je sais que ces crimes sont graves, que des femmes et des enfants sont parmi les victimes, que ce sont des crimes intolérables. Je recevais des instructions de l'Angkar [l'«Organisation», l'organe directeur du régime khmer, ndlr], mais cela ne retire rien au fait que je suis responsable. Jamais je n'ai cherché d'autre alternative que celle d'obéir aux ordres. Je considérais que la vie de ma famille était plus importante que celles des détenus de S-21.»Puis, celui qui a supervisé la torture et l'exécution d'au moins 12 380 personnes dont 400 étrangers implore le pardon de ses victimes : «Aujourd'hui, je regrette et j'ai honte.»
Ce qui aurait pu être un moment d'intense émotion au sein du premier tribunal international qu