Le meilleur moyen d’entrer en Transnistrie sans problème est de jouer le jeu : passer docilement la frontière muni d’un visa, saluer les douaniers, bien insister sur des mots tels que pays, Etat ou république… Sauf que tout est factice. La Transnistrie est en réalité une région séparatiste de la Moldavie, qui a fait sécession en 1992, affolée par les velléités de son gouvernement de tomber dans l’orbite de la Roumanie à la chute de l’URSS.
Depuis, pas un pays au monde n’a reconnu l’indépendance de cette mince bande de terre sur la rive gauche du fleuve Dniestr, accolée à la frontière ukrainienne. L’Etat fantôme possède pourtant sa monnaie, ses institutions, et son drapeau.
Quelques minutes après le poste de contrôle apparaît Bender, troisième grande ville de Transnistrie. Piotr, jeune citadin, prend le soleil aux abords du grand marché central, et moque bien volontiers l'incongruité de sa situation. «Qui suis-je ? Il paraît que je suis transnistrien… En réalité, ma patrie, c'était l'Union soviétique. Ici, c'est juste une filiale de la Russie.» Car si la Transnistrie a arraché son indépendance en 1992, au terme d'une guerre qui a fait des centaines de morts des deux côtés du fleuve, c'est grâce au soutien de la Russie, pas mécontente de garder ainsi un pied près de l'Europe…
Arrangements. Dix-sept ans après, les soldats russes sont toujours là, bien en vue sur le pont de Bender. Pour relier la capitale, Tiraspol, quelques minutes de trolleybus suffisent. Sur le che