Au lycée Abdelkader (ex-Bugeaud), juste en face du siège de la Sûreté, les policiers ouvrent les sacs par mesure de sécurité. C'est là qu'a étudié Albert Camus. Quand on s'enquiert de la plaque à sa mémoire, ils demandent au gardien : «Il travaille où ce Camus ?»«A la retraite», répond ce dernier. A l'intérieur, la cour est vide. Il est 9 h 30, les bureaux de vote sont ouverts depuis une heure et demie. La participation ? Le chef de centre se précipite : «12 %», claironne-t-il avant que l'assesseur ait le temps de compter. Après son départ, on recompte : 6 votes sur 256 inscrits, soit 2,3 %.«Les gens votent après déjeuner», s'excuse l'assesseur.
Preuve. Les Algériens étaient appelés à voter hier, sous haute surveillance de peur d'un attentat. Abdelaziz Bouteflika, le président sortant algérien, sera élu face à ses cinq concurrents, comme en 1999 et en 2004, dès le premier tour - aucune date n'est prévue pour le second - c'est entendu. Mais ce qui compte, c'est la participation, la preuve pour le pouvoir que la population adhère à son leader. «L'abstention aux législatives de 2007 [officiellement 35 % de participation], c'était pas grave, c'était même la preuve que les députés sont nuls, explique un observateur. Mais là, c'est du sultan qu'il s'agit.» Pendant la campagne, Bouteflika l'a dit aux Algériens : «Faites-moi honneur vis-à-vis de l'étranger, allez voter !» Tout a été fait pour : le nombre d'inscri