Pour «rétablir la démocratie en Thaïlande», les leaders des «chemises rouges» - les partisans de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra - ont rameuté la fine fleur de la populace : transsexuels des bas-fonds de Pattaya, moto-taxis aux yeux rougis par le mauvais whisky et des mégères, vendeuses de salades de papaye verte, aux mains comme des battoirs. Depuis jeudi soir, cette foule bigarrée et avinée a pris le contrôle des principaux carrefours de la capitale thaïlandaise, Bangkok. Ils ont installé des «barricades de la démocratie» où les droits fondamentaux des citoyens sont assénés à coup de canettes de bière et de jurons. Une voiture tente de passer un de ces barrages. Une nuée de chemises rouges s'abat sur le véhicule, le tambourine et fait exploser le pare-brise. Quand le conducteur leur demande ce qui leur prend, la réponse fuse : «La foule a le droit de tout faire», lance un moto-taxi. Ces scènes de quasi-anarchie se sont répétées dans plusieurs quartiers de Bangkok. La police observe, et dit ne rien pouvoir faire.
C’est un peu comme si la capitale avait été temporairement sacrifiée pour préserver la station balnéaire de Pattaya où se tient, jusqu’à dimanche, le sommet de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) et de leurs partenaires asiatiques (Chine, Inde, Corée du Sud et Japon). Les «rouges» ont bien essayé de pénétrer dans le luxueux hôtel Royal Cliff Beach Resort, situé sur une colline de Pattaya, mais une haie serrée de po