Sur la photo utilisée pour les bulletins de vote, on le reconnaît à peine. Il a trente ans de moins, l’œil toujours bleu et la moustache encore conquérante. Pour Abdelaziz Bouteflika, le temps s’est arrêté à la fin des années 70, lorsqu’il était le chef de la diplomatie du président Houari Boumédiene, son ministre préféré, son dauphin présumé.
Le général avait pris le jeune homme sous son aile pendant la guerre d'indépendance, au sein de la wilaya (préfecture) numéro 5, dans l'ouest du pays. En 1962, c'est Boumédiene qui l'impose comme ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme puis, l'année suivante, aux Affaires étrangères, à 26 ans. A la mort de son protecteur, en 1978, Bouteflika prononce son oraison funèbre au cimetière d'al-Alia, où sont enterrés les héros de la nation. Il croit lui succéder sans coup férir, sa chute n'en sera que plus douloureuse. Pour succéder à Boumédiene, le «système» choisit le général Bendjedid, le plus haut et le plus ancien gradé. Ce n'est finalement qu'en 1999 que Bouteflika a récupéré ce qu'il estime être son dû. Depuis, il n'a cessé de faire payer cette longue attente aux Algériens en général, et à ceux qui l'ont fait attendre en particulier, dont les militaires, les véritables décideurs du pays, avec lesquels il entretient des relations ambivalentes.
Santé. Réélu jeudi pour un troisième mandat avec un score brejnévien et un chiffre officiel de participation totalement fantaisiste, Abdelaziz Bouteflika, 72 ans