Les «chemises rouges» imposent leur ordre dans la capitale thaïlandaise. Hier soir, Bangkok était entre leurs mains. Ou du moins le quartier historique de la capitale, où se trouve le palais du gouvernement, les ministères et la plupart des sièges des institutions du pays.
Armés de bâtons et de barres de fer, les manifestants antigouvernementaux ont établi des barrages à l'aide d'autobus et de camionnettes de police saisis autour du quartier. Au carrefour d'Urupong, des chemises rouges dansent en agitant des applaudisseurs en plastique en forme de pieds, un des symboles du mouvement, au rythme de la chanson La Vérité aujourd'hui (nom de leur émission télévisée fétiche). Un beau moustachu, le front ceint d'un bandana rouge, joue les fiers à bras, planté au milieu de la route. Face à lui, quatre files de voitures, vides de tout occupant, bloquent la chaussée. Des mères de famille amènent leurs gamins visiter la barricade. Des vieux, vêtus de tee-shirts rouges flambant neufs, examinent l'état des défenses. Dans la ville, aucune présence policière ou militaire. Cet étrange calme n'empêche pourtant pas un orateur de lancer dans son mégaphone : «Préparons-nous, les hommes de Newin [Chidchob, un des politiciens alliés à la coalition au pouvoir, ndlr] vont nous attaquer.» Près du palais du gouvernement, un marché s'est improvisé : applaudisseurs en plastique, tee-shirts, soupes aux nouilles et images du Bouddha. 10 000 personnes pique-niquent en écoutant les orateur