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Libération
EDITORIAL

Jungle

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publié le 13 avril 2009 à 6h51

Avec Disney, Hergé ou Gilbert et Sullivan, les pirates sont devenus mythologiques. Sabre au clair, bandeau sur un œil et jambe de bois. Mais, les preneurs d’otages qui écument l’océan Indien sont d’une autre trempe. Un Français est mort entre leurs mains vendredi et quelles que soient les circonstances encore inconnues de l’opération de secours de l’armée française, les Somaliens qui s’étaient emparé de sa famille sont les vrais responsables de son décès. Il n’y a pas de pirates au grand cœur. Il reste que cette nouvelle piraterie a ses causes bien réelles, sociales et politiques. La plupart des preneurs d’otages somaliens sont d’anciens pêcheurs ruinés par un chalutage intensif et illégal au large de leurs terres. En Somalie, ils se disent même «gardes-côtes». Ils ne prospèrent qu’en raison de la destruction de leur pays qui n’est plus un Etat, abandonné de la communauté internationale depuis bientôt deux décennies de guerres civiles et famines. La seule loi est celle de la jungle, dans un pays où l’on estime que la moitié de la population vit de l’aide alimentaire. Pirate est un métier comme un autre, tout juste plus profitable que pêcheur ou paysan. Les pays de la région ferment les yeux ou tirent eux aussi

profit de cette activité, en vendant aux pirates des renseignements sur les bateaux en transit ainsi que des armes de plus en plus sophistiquées.

Les cannonières européennes lancées aux trousses des pirates ne peuvent suffire. Si la communauté internationale veut arrêt