Incongruité des images se télescopant au kaléidoscope de l’actualité : deux Présidents euphoriques, tout sourire et un verre à la main, lors de la visite de Nicolas Sarkozy, en novembre 2007, à Pékin, chez Hu Jintao ; les deux mêmes, crispés, le bras raide lors d’une poignée de main, à Londres, en marge du G20, début avril. Une mine d’enterrement qui sied d’ailleurs aux circonstances, puisque les deux hommes venaient officiellement d’enterrer la brouille opportunément montée en épingle par l’un reprochant à l’autre d’avoir osé rencontrer le dalaï-lama, cet empêcheur de mentir en rond. Il aura fallu bien des salamalecs et nombre de missions de contrition pour apaiser le courroux des dignes héritiers de l’arrogance impériale de la Cité interdite - en somme, un acte d’allégeance à la dictature, guère conforme à l’idéal républicain ni à la réitération inlassable de la défense des droits de l’homme. Passez muscade, l’heure est au compromis et à la nécessité de s’en tenir à la realpolitik. Autonomie ou indépendance, l’intégrité territoriale de l’empire est sacro-sainte, le Tibet n’est pas à l’ordre du jour - ni des relations franco-chinoises, ni des instances onusiennes et gare à vous qui osez vous ingérez dans les affaires intérieures de Pékin.
Et pendant ce temps, là-bas au loin sur le toit du monde, dans ce pays qui existe pourtant sans existence dûment reconnue, les forces de l’ordre chinois arrêtent, harcèlent, torturent, violent, battent à mort les récalcitrants - moines, non