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Libération
TRIBUNE

Sale temps pour les femmes en Afghanistan

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par Elisabeth Badinter, Philosophe
publié le 15 avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 15 avril 2009 à 6h52)

Hamid Karzaï, qui fut le candidat de l’Occident à la présidence de la république afghane, va-t-il abroger la loi scélérate contre les femmes chiites votée par le Parlement le mois dernier et signée par lui il y a quelques jours ?

Bien que le texte de la loi ne soit pas publié, parlementaires féminines et responsables afghanes de commissions indépendantes veillant au respect des droits des femmes appellent à l’aide. De quoi s’agit-il ? Rien moins que du rétablissement du code de la famille taliban pour les populations chiites qui représentent 10 % à 15 % de la population afghane. Plus précisément, le texte interdit aux femmes de sortir, de travailler ou d’aller chez le médecin sans la permission de leur mari et aux petites filles d’aller à l’école sans celle de leur père. En cas de divorce, les enfants sont confiés aux pères ou aux grands-pères. En outre, il proclame la disponibilité sexuelle des épouses, ce qui revient tout simplement à légaliser ce que d’aucuns appellent le viol conjugal, et à légitimer le statut d’objet sexuel des femmes. Déjà, les sunnites lorgnent cette loi pour se l’approprier.

Ce retour légal aux années les plus sombres de l’histoire afghane - contraire à la Constitution adoptée en janvier 2004 - n’est qu’une basse manœuvre politicienne de Karzaï pour tenter de se faire réélire à la présidence, en août. Il achète les voix chiites de la minorité hazara au prix de la légalisation de l’esclavage des femmes : «votez pour moi et je vous re