Dans son livre, Captive (1), Clara Rojas, l'ex-directrice de campagne d'Ingrid Betancourt, revient sur ses relations délicates avec sa compagne d'infortune dans la jungle colombienne, où elles ont été otages des Farc pendant six ans.
Vous racontez, dans votre livre, que les choses se sont mal passées entre vous et Ingrid Betancourt. Et vous révélez un fait choquant : sa famille n’aurait pas transmis à votre mère les preuves, en leur possession, que vous étiez vivante. Comment expliquez-vous cela ?
J’ai été libérée avant Ingrid et, tant qu’elle était encore otage, ce n’était pas le moment de demander pourquoi ses proches ont fait une chose pareille : ma mère était évidemment très inquiète, elle n’avait aucune nouvelle de moi. Je pense aujourd’hui qu’ils voulaient que toute l’attention se concentre sur Ingrid.
Quand j’ai écrit ce livre, après ma libération, j’ai essayé de décrire l’ambiance lors de l’enlèvement et de notre captivité. J’ai tenté de comprendre ce qui s’est passé, mais je ne peux pas savoir ce qu’il y avait dans la tête, dans le cœur d’Ingrid, puisqu’on ne se parlait plus. On a été séparées les trois dernières années. Mais, pendant les trois ans où on était encore ensemble, nous vivions dans un endroit confiné, entassées avec tous les otages. C’est à ce moment-là que j’ai découvert que j’étais enceinte, et Ingrid a été la première personne à qui je l’ai annoncé.
Justement, selon la presse, votre brouille remonte à ce moment-là. Les proches d’Ingrid Betancourt laissent entendre qu’elle vous aurait forcée à garder l’enfant dont vous vouliez vous débarrasser…
C’est incroyable. La seule chose que je peux vous dire, c’est que tout est faux. J’en ai entendu parler l’année dernière, après la libération d’Ingrid, quand elle a été interviewée par Larry King sur CNN. A la télévision, il lui a posé une question là-dessus et Ingrid a dit qu’elle ne voulait pas répondre à ce genre de questions. Elle aurait dû simplement dire qu