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TRIBUNE

Pour des juges d’instruction internationaux

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par Jérôme de Hemptinne, juriste au Tribunal spécial pour le Liban, François Roux, avocat devant les juridictions pénales internationales et Marcel Lemonde, co-juge d'instruction au Tribunal spécial pour le Cambodge
publié le 16 avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 16 avril 2009 à 6h52)
Ce plaidoyer paraîtra surprenant à l’heure où le président Sarkozy préconise la suppression du juge d’instruction en France. Qu’on nous comprenne bien : il ne s’agit pas ici de traiter de la réforme de la procédure pénale française. Non, ce dont il est question ici, c’est de la justice internationale, de ses spécificités, de ses difficultés propres.

Aucun des tribunaux pénaux internationaux ne connaît l’institution du magistrat instructeur, à l’exception du Tribunal pour le Cambodge. Ce sont les procureurs qui y assurent les enquêtes, en pratique quasi exclusivement «à charge», et les avocats celles exclusivement «à décharge». A l’audience, ce sont ces mêmes acteurs qui débattent, sous l’arbitrage des juges, des éléments de preuve recueillis au cours de leurs investigations.

Certes, depuis quelques années, des juges dits «de la mise en état» ou «préliminaires» ont fait leur apparition dans la plupart des juridictions pénales internationales. Mais que l’on ne s’y trompe pas ! Il ne s’agit pas de magistrats instructeurs ; seulement de juges chargés principalement de coordonner la préparation des affaires, afin qu’elles soient entendues équitablement et dans de meilleurs délais qu’auparavant.

L’environnement international n’a donc pas opté pour l’institution d’un juge d’instruction. Et pourtant, dans les affaires complexes et à grande dimension politique de la justice pénale internationale, la question de sa présence devrait se poser d’urgence, et ce pour quatre raisons.

Premièrement, juger les auteurs de crimes de guerre et contre l’humanité selon une procédure d’inspiration «accusatoire», où tout est débattu oralement à l’audience, s’avère une entreprise lourde, longue et coûteuse. En effet, les procès internationaux durent en général plusieurs années, comme ce fut par exemple le cas du procès Milosevic (décédé après plus d