Depuis que le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer a été enlevé, il y a cinq ans à Abidjan, Simone Gbagbo traîne cette affaire comme un boulet. Il y a peu, l’épouse du chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, attaquait en diffamation quiconque osait prononcer son nom dans ce dossier. Elle refusait surtout de déférer aux convocations à Paris des juges d’instruction Patrick Ramaël et Nicolas Blot.
La première dame ivoirienne a finalement changé de stratégie. Dans les prochains jours, elle devrait être entendue, à Abidjan, en présence de ses avocats, comme témoin, par les magistrats français.
Les juges ne la suspectent pas d’être impliquée directement dans la disparition de Kieffer, qui multipliait les révélations sur les malversations du régime. Mais son témoignage sera précieux, car plusieurs de ses proches, eux, sont soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’enlèvement, le 16 avril 2004. A commencer par celui qui, selon toute vraisemblance, a servi d’appât : Michel Legré, le beau-frère de Simone Gbagbo, avec qui Kieffer avait rendez-vous au moment de son enlèvement, sur un parking.
Lors de cette nouvelle commission rogatoire, les juges vont aussi entendre, en tant que témoin, l'actuel ministre ivoirien du Plan, Paul-Antoine Bohoun Bouabré, un proche des époux Gbagbo. Ce rendez-vous s'annonce capital, car l'enquête sur la disparition de Kieffer s'est rapidement concentrée sur l'entourage de ce ministre très influent, à l'époque chargé de l'Economie et des Finances. De même