Moustafa ben Jaafar, 69 ans, est le secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés, parti d’opposition légal mais non toléré par le régime tunisien.
Vous êtes candidat à la présidentielle de l’automne 2009 contre Ben Ali, au pouvoir depuis 1987. A quoi bon ?
Tout le monde sait que les élections sont contrôlées de bout en bout par le pouvoir. C’est une sorte de récréation de quinze jours pendant laquelle l’opposition peut enlever son plâtre. Puis elle retourne à sa paralysie pour cinq nouvelles années. Malgré tout, ça reste une occasion de sortir les citoyens de leur léthargie et de montrer qu’il y a une alternative.
Avez-vous une chance d’être candidat ?
Normalement, il faut rassembler les signatures de 30 députés ou maires. Comme tous les élus sont membres du RCD (au pouvoir) ou des petits partis apparentés, ce n’est théoriquement pas possible. Mais le pouvoir tient à un minimum de pluralisme pour son image, et il fait voter à chaque fois une loi exceptionnelle. La dernière fois, les responsables de partis légaux avaient le droit de se présenter, à condition d’être depuis deux ans à la tête de leur formation. Si cette règle est reconduite, je devrais être éliminé, puisque mon parti n’a pas pu tenir de congrès ces deux dernières années. Ceux qui nous louent des salles annulent toujours au dernier moment sous la pression du pouvoir.
Quel peut être l’enjeu d’un tel scrutin ?
L’enjeu, c’est qu’il se déroule dans de meilleures conditions qu’en 2004. Plus que jamais, il faut s’attaquer aux règles du jeu pour les modifier. C’est le seul moyen pour qu’il y ait une véritable compétition. On peut accepter que les moyens soient disproportionnés, mai