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Libération

Theary Seng, la voix des victimes du régime khmer rouge

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Cambodge. Quatre dirigeants seront jugés après le procès du tortionnaire Douch.
publié le 18 avril 2009 à 6h51

Son beau visage sino-khmer est parfois traversé par une grimace d’inquiétude. Comme si un souvenir trop douloureux ou une pensée sombre jaillissait brutalement. Theary Seng est une ancienne victime des Khmers rouges sous le régime desquels ont péri 1,7 million de Cambodgiens entre 1975 et 1979.

Elle s'est constituée partie civile au procès des quatre principaux dirigeants khmers rouges, qui doit s'engager à Phnom Penh après la conclusion de celui, en cours, du tortionnaire Douch. Lors d'une audience préliminaire, Theary Seng avait pris à partie Nuon Chea, l'ex-numéro 2 du régime khmer rouge, et apostrophé les magistrats des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC). «Si Nuon Chea n'est pas responsable, qui donc est responsable de la mort de mes parents et des autres victimes ?» Certains l'avaient trouvé «trop émotionnelle», voire «déplacée». Mais Theary Seng ne veut pas faire amende honorable.

«Forum».Parée d'un élégant châle de soie khmère, assise dans son bureau du Centre pour le développement social, une des principales ONG du Cambodge, elle tient à ne pas perdre de vue ce qui, pour elle, constitue l'intérêt du procès et ses limites. «Le procès des Khmers rouges a son importance juridique. C'est l'Etat de droit. Il faut que l'on voie la justice rendue. Mais le tribunal n'est qu'un forum où les preuves sont évaluées. Cela n'a rien à voir avec la justice.» Les arguties juridiques entre avocats et procureurs derrière l