Une fois de plus, l'accusation d'antisémitisme affleure ici ou là à l'adresse d'Andrzej Wajda qui, dans son dernier film, Katyn, consacré au meurtre des officiers polonais au printemps 1940 dans une forêt de Biélorussie, n'aurait pas évoqué la mort des Juifs ou l'aurait, au contraire, trop évoquée par des procédés subreptices (rafles d'opposants au régime communiste semblables à celles des Juifs, évocation du camp d'Auschwitz pour les Polonais, correspondance entre crime de race et crime de classe, etc.). En un mot, il aurait, comme l'a toujours fait l'historiographie polonaise, mis en avant le martyre polonais au détriment du martyre juif.
Cette accusation est absurde à plusieurs titres.
Katyn symbolise plusieurs événements marquants qui ne sont pas liés à la Shoah. L'assassinat méthodique de milliers d'officiers polonais, de réserve pour la plupart, constitue un crime de guerre - sans que la guerre fût déclarée entre l'URSS et la Pologne - aux aspects rares. Les Soviétiques le dissimulèrent initialement puis, quand les Allemands le découvrirent et en firent une grande publicité, ils organisèrent une contre-expertise qui accusait les troupes allemandes. Avisés, les Alliés, au tribunal de Nuremberg, refusèrent de faire endosser ce crime aux nazis alors que telle était la demande soviétique. Durant la période communiste, Moscou n'admit jamais ce meurtre qui devint la principale page blanche de l'historiographie polonaise. Régulièrement, les dirigeants soviétiques deman