Responsable de l’organisation indépendante Human Rights Watch à Genève, Juliette de Rivero critique les pays occidentaux qui ont décidé de ne pas être présents à Durban II.
Pourquoi étiez-vous contre ce boycott ?
Une longue négociation a abouti à un document fort qui aurait pu réunir le monde entier autour de la lutte contre le racisme. Les avis et les exigences de tous les Occidentaux ont été entendus. Un compromis avait été trouvé, les deux modèles réunis.
Les points de vue du Nord et du Sud sur les droits de l’homme ne sont donc pas irréconciliables ?
Non. Le fait même que les négociations qui ont abouti au document actuel aient eu lieu montre qu’un consensus est possible.
Comment expliquez-vous le boycott ?
Sur la base d’informations fausses, plusieurs Etats ont décidé de boycotter Durban II. Nous sommes extrêmement déçus. Il y a eu, selon nous, une campagne de diffamation à propos de ce texte. Il ne mentionne pas Israël et, loin de comporter des mentions à caractère antisémite, il condamne précisément l’antisémitisme. Il est malheureux qu’on ait accordé autant d’importance à la présence à la tribune du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Au contraire, il aurait fallu montrer qu’il était isolé dans ses propos.
En quoi la conférence Durban II est-elle utile, dans la mesure où le Conseil des droits de l’homme de l’ONU souffre d’un manque criant de légitimité ?
Avec ce texte, Durban II nous aurait permis de limiter les tensions qui règnent au sein du Conseil des droits de l’homme. Un fort consensus lui aurait donné la légitimité qu’il n’a pas. Il s’agit pour moi d’un acte d’irresponsabilité des Etats qui ont choisi de ne pas être présents.
Quelles en seront les conséquences ?
Elles porteront sur le fonctionnement du Conseil à l’avenir. Leur boycott nous fait douter de la volonté de lutter contre le racisme. Ils se sont retirés en