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Les urnes amères de Jo’burg

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Quinze ans après la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud élira demain un nouveau président, sur fond de criminalité galopante et d'émigration des classes moyennes. A Johannesburg, chronique d'un désenchantement.
publié le 21 avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 21 avril 2009 à 6h52)

Rochelle, métisse d'une quarantaine d'années, habite une villa confortable à Johannesburg, qu'elle a achetée à crédit avec son mari. Tous les matins, elle conduit ses deux enfants dans une école privée qui lui coûte «les yeux de la tête», dit-elle. Rochelle travaille comme chargée de mission dans un ministère. Installée dans la véranda qui domine son luxuriant jardin, elle ne cache pas son désarroi politique. Pour la première fois de sa vie, elle se demande si elle ira voter, ce 22 avril.

Loyale envers le Congrès national africain (ANC), le parti à qui elle doit sa rapide ascension sociale, elle se résoudra sans doute à aller voter en faveur de Jacob Zuma, candidat à la présidence. Mais sans illusions : «Nous irons de scandales en affaires, comme sous son prédécesseur Thabo Mbeki, mais le pays sera quand même géré.Zuma dirigera le pays cinq ans, peut-être dix. Une génération doit partir. Ensuite, une autre prendra la relève, celle qui n'aura pas connu l'apartheid. Alors, une nouvelle ère pourra vraiment commencer.»

Sonneries stridentes

Autour de sa maison, Rochelle a fait construire des murs de trois mètres, surmontés de fils électrifiés. Les chiens de ses voisins, lâchés dans les jardins toute la nuit, l'empêchent de dormir. Les systèmes d'alarme se déclenchent pour un oui ou pour un non. Que les pluies d'orage tombent un peu trop fort, et les sonneries stridentes se mettent à hurler. «Si quelque chose me fait émigrer un jour, ce ne sera pas la criminalité, mais ce