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Libération
Interview

«On avait pourtant une bonne déclaration»

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Le Sénégalais Sidiki Kaba, ex-président de la FIDH, déplore l’attitude occidentale :
publié le 21 avril 2009 à 6h51

Le Sénégalais Sidiki Kaba, ancien président de la Fondation internationale pour les droits de l’homme (FIDH), avait participé à Durban I, en 2001. Il regrette que les Occidentaux refusent un texte sur lesquels les pays du Sud avaient fait de nombreuses concessions.

Par rapport à Durban I, quels étaient les enjeux de Durban II ?

En 2001 déjà, on avait fait face au problème de l’assimilation du sionisme au racisme. Il faut continuer d’essayer de comprendre les ressorts du racisme, qui conduit à la destruction de l’autre. Or les désaccords persistent sur la définition du racisme, et on aurait dû en débattre cette année. Entre la réparation de l’esclavage et celle de la Shoah, il existe une véritable bataille des mémoires. Pour Durban II, on avait abouti à une bonne déclaration, qui avait recueilli l’assentiment de tous. Une version «soft» en quelque sorte.

C’est-à-dire ?

Nous avons fait des compromis pour répondre aux exigences des Européens. La question de la réparation de l’esclavage a été écartée, et le texte final ne fait plus mention d’Israël. De même que les références aux diffamations religieuses, pourtant très chères aux Africains. Sur certaines questions, le conseil est encore très divisé. Il a encore beaucoup à faire pour gagner en légitimité.

Que lui reprochez-vous ?

Il avait suscité beaucoup d’espoirs en élevant la question des droits de l’homme au même niveau que la sécurité ou l’économie. Mais les solidarités politiques et idéologiques l’ont emporté sur la bataille pour le respect des droits de l’homme.

Les deux conceptions des droits de l’homme, celles du Nord et du Sud, sont-elles inconciliables ?

Non, pour moi, on est loin du choc des civilisations : des valeurs