Chef de mission de Médecins sans frontières au Sri Lanka, Laurent Sury répond aux questions de Libération depuis Colombo, au Sri Lanka.
A quelle situation les humanitaires doivent-ils faire face sur l’île depuis l’intensification des combats ?
Nous avons admis, sur les trente-six dernières heures, plus de 400 patients à l’hôpital de Vavuniya, alors que depuis un mois le rythme était plutôt de 200 par semaine.
Comment les blessés arrivent-ils jusqu’à vous ?
L'armée a bouclé la zone de conflit. Depuis septembre et l'ultimatum du gouvernement suite auquel les ONG ont été contraintes à quitter cette zone, seul le CICR [Comité international de la Croix-Rouge, ndlr] y a accès. L'hôpital se trouve dans le nord du pays [à environ 80 km du front, ndlr]. Les réfugiés y sont transférés en bus. Mais en deux jours, plus de 30 d'entre eux sont morts pendant le transport. La prise en charge n'est pas suffisamment rapide. Ils sont beaucoup trop nombreux à avoir besoin de soins.
De quels soins ont-ils besoin ?
Ils ont besoin de soins chirurgicaux sur des blessés par balle ou par des éclats d’obus. Imaginez une population déplacée régulièrement depuis juin 2008 au fur et à mesure que le front avançait : elle est confrontée à la violence et à la mort au quotidien. Ces gens sont choqués. Il va y avoir un fort besoin de soins en santé mentale sur le long terme. Mais, pour l’instant, l’important est d’évacuer les civils qui se trouvent encore dans la zone critique.
A combien les estimez-vous ?
Les chiffres sont un sujet sensible ici, au Sri Lanka. Il y a quelques jours, on estimait entre 70 000 et 150 000 les civils se trouvant dans la zone de conflit. On pense que 80 000 à 90 000 auraient ré