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Libération

L’Egypte malade du trafic d’organes

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Débat . Une loi doit encadrer les greffes, devenues un vrai business dans le pays.
publié le 23 avril 2009 à 6h51

Sur l’écran, l’image d’un dos, barré d’une épaisse estafilade. C’est celui d’un adolescent. En quelques mots, il raconte son quotidien fait de pauvreté et de système D. Et cet homme qui est venu un jour : celui qui lui a proposé de vendre son rein. Cette cassette vidéo, diffusée par l’ONG cairote Nour al-Hayah, a circulé il y a quelques mois dans les médias égyptiens. Elle vient alimenter le débat houleux concernant l’élaboration d’une loi sur le don d’organes, en chantier depuis maintenant dix ans.

Rabatteurs. L'Egypte est, selon les Nations unies, l'un des pays les plus touchés au monde par le trafic d'organes, après la Chine, les Philippines ou l'Inde. Dans les bidonvilles de la capitale, des rabatteurs recrutent les donneurs potentiels au profit, souvent, de malades originaires des pays du Golfe, prêts à payer le prix fort pour un organe sain. Acheté dans les 2 300 euros au donneur, un rein peut coûter jusqu'à six fois cette somme à celui qui en a besoin pour une greffe. Intermédiaires, cliniques, chirurgiens : le business de la transplantation est un marché juteux dans le pays. Sur 500 greffes de reins effectuées chaque année, 90 % proviendraient de donneurs rétribués.

Théoriquement, la vente d’organes est interdite, mais le Parlement, englué dans un débat à la fois économique, médical, éthique et religieux, ne parvient pas à s’entendre sur un texte qui définirait le cadre exact des transplantations. Ce flou juridique laisse les coudées franches aux trafiquants, al