Menu
Libération
Interview

«Grippe porcine»: un «abus de langage» aux «conséquences graves»

Article réservé aux abonnés
Le professeur Jean-Philippe Derenne prône l'appellation de «grippe nord-américaine» pour qualifier le virus, que l'OMS s'obstine à appeler «grippe porcine», alors que de nombreuses personnes protestent.
par Recueilli par NICOLAS CHAPUIS
publié le 29 avril 2009 à 16h57
(mis à jour le 29 avril 2009 à 17h00)

Si tout le monde s'accorde à dire que le nouveau virus est une grippe, quel adjectif faut-il lui accoler? Grippe porcine? Mexicaine? Nord-américaine? Nouvelle? Le débat est virulent. Et pour cause: de multiples intérêts sont en jeu.

Pour éclairer le débat, nous avons interrogé Jean-Philippe Derenne, chef du service pneumologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, et coauteur de Pandémie, la grande menace.

Peut-on parler d'épidémie de «grippe porcine» ?

Le virus A/H1N1 ne peut pas être appelé grippe porcine, car c'est une grippe inter-humaine. Il a en fait une structure très originale en trois parties, l'une porcine, la deuxième aviaire, et la troisième humaine.

La grippe est peut-être passée par le porc, mais pour l'instant il n'existe aucune preuve, et le virus n'a pas pour l'instant été isolé chez l'animal. Pour ce que l'on connait du virus actuellement, il se transmet d'homme à homme.

Il ne faut donc pas parler de grippe porcine car il n'y a aucune preuve scientifique et que cela peut avoir de graves répercussions, comme pour les coptes par exemple (NDLR, en Egypte, pays musulman, la communauté chrétienne des coptes qui élève des cochons est mise en cause par des responsables religieux, accusée de véhiculer la maladie).

Pourquoi le porc est-il mis en cause?

Car ce virus a trois parties (voir plus haut). Cela reste possible que la recombinaison du virus se soit faite chez le porc, comme on l'a déjà vu dans l'histoire. Dans le ca