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Libération

L’exemple de Hanovre

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publié le 29 avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 29 avril 2009 à 6h52)

Continental a son siège à Hanovre. Atteint par la mévente automobile, cet équipementier allemand a décidé de fermer ses sites de Clairoix, en France, et de Stöcken, en Allemagne, et quelque 3 000 ouvriers des deux usines manifestaient ensemble, jeudi, devant leur maison mère. «Le Monopoly mais sans nous»,«Unis contre les actionnaires voyous», disaient les banderoles qu'ils brandissaient, dans les deux langues, tandis que les actionnaires délibéraient, à l'intérieur, en assemblée générale. Les Français étaient plus radicaux, les Allemands plus contenus. Les premiers découvraient la cogestion que les seconds utilisaient pour lire une déclaration commune devant l'assemblée des actionnaires où leurs représentants siègent de droit. Politiques et syndicales, les différences de culture étaient patentes, mais la colère était européenne et ce moment des luttes sociales est exemplaire. Dos au mur, les «Conti», français et allemands, n'ont pas seulement compris que, face un patron commun, leur combat devait l'être aussi. En faisant front par-dessus les frontières, ils donnaient à espérer que la crise économique suscite une nouvelle solidarité européenne, celle du travail, qui manque si gravement à la construction de l'Union.

L’Europe s’est faite à l’envers. Parce que la France avait refusé, en 1954, la Communauté européenne de défense et les institutions démocratiques communes qui devaient l’accompagner, l’unité européenne s’est faite par le marché commun puis la monnaie unique