L’Amérique est comme un gigantesque supertanker : on ne peut pas lui faire changer de trajectoire rapidement. Même en période de crise, quand l’iceberg se profile à l’horizon et que le bateau de l’Etat file à pleine vitesse dans sa direction, une nouvelle administration n’a qu’une très petite marge de manœuvre pour éviter de le heurter ; en cent jours, elle ne peut qu’infléchir légèrement la course du bateau vers la droite ou vers la gauche en espérant un simple froissement de tôles sans gravité. Par conséquent, il est presque impossible de prendre la mesure de la politique et des intentions de notre nouveau président après à peine plus de trois mois de ses quatre années de mandat.
Mais il est clair que l’administration Obama essaie de nous faire légèrement évoluer vers la gauche. Ce n’est cependant pas vers le centre gauche, c’est vers la gauche d’un pays qui était à l’extrême droite. Et l’objectif n’est ni idéologique ni spécialement progressiste ; il est tout simplement rationnel et plus ou moins pragmatique. Pour moi et pour la grande majorité des Américains, de la droite modérée jusqu’à la gauche radicale, cela vaut bien mieux que si John McCain était président. Il essaierait lui aussi de changer légèrement les choses mais vers la droite, et nous avons déjà emprunté cette voie. Au moins, McCain essaierait d’éviter de heurter l’iceberg. Si George Bush était toujours président et devait faire face aux guerres en cours en Irak et en Afghanistan, aux programmes nucléaires de