Mike, Franck et Aaron, la trentaine, traversent à pied la frontière de Tijuana. Ils rentrent de Mexico à San Diego (Californie), où ils résident. Les trois compères jouent dans un groupe de «rock hispanique», mais leur concert dans la capitale mexicaine a été annulé par les autorités, qui ont interdit tout regroupement de foule à l’heure où sévit la grippe porcine.
«Questionnaire». A la frontière, ils sont surpris de voir que tout est quasi normal. «On n'a subi aucun contrôle particulier, on ne porte même pas de masque, alors que Mexico est une ville fantôme, et on a dû remplir un questionnaire à l'aéroport pour rejoindre Tijuana», explique Mike. Mais malgré plus de 150 morts au Mexique, ils ne sont pas inquiets et comptent bien y retourner dès que possible. Tout aussi placide, Ruben Carlos Hernandez, chauffeur de taxi, circule tous les jours entre Tijuana et Los Angeles. «Au passage de la frontière, on dirait que rien n'a changé. Les douaniers ne vous demandent pas si vous êtes malade.» Quelques personnes portent un masque chirurgical, d'autres, peu nombreuses, se couvrent tant bien que mal la bouche avec un bout d'écharpe ou de mouchoir.
Ce calme est déconcertant. Car la Californie est l'Etat américain le plus peuplé et, surtout, le plus exposé à la propagation du virus H1N1, compte tenu des nombreuses migrations quotidiennes avec le Mexique. D'ores et déjà, une mort suspecte dans le comté de Los Angeles pourrait bien être due à la grippe p