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Libération

L’incertain destin des deux Etats-idées

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publié le 6 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 6 mai 2009 à 6h51)

Leurs destins sont étonnamment communs. «Foyer national juif» pour l’un, «foyer national musulman» pour l’autre, Israël et le Pakistan ne sont pas seulement les points les plus chauds du globe. C’est pour cette raison, parce que la stabilisation du monde se joue dans leurs frontières, que Barack Obama recevait, hier, le chef de l’Etat israélien et reçoit, aujourd’hui, le président pakistanais mais, bien au-delà de l’actualité, sur la longue durée et non plus dans l’instant, ces deux pays posent une même question, vertigineuse - celle de la pérennité d’Etats sortis de la seule imagination d’intellectuels qui avaient su en imposer l’idée avant qu’ils ne deviennent des réalités géopolitiques, aussi incontournables qu’incertaines et fragiles.

Pour Israël, on sait. L’histoire de Théodore Herzl, du choc ressenti par ce journaliste austro-hongrois devant l’affaire Dreyfus et de la conviction qu’elle fit naître en lui qu’il fallait créer un «Etat des Juifs» où ils seraient à l’abri de l’antisémitisme, est largement connue. Herzl était tout sauf religieux. Intellectuellement parlant, c’était un enfant de la Révolution française. Son projet se heurta, d’abord, à hostilité de tous les courants du judaïsme européen, des religieux qui ne concevaient pas de retour sur la terre promise hors de la volonté divine, des socialistes qui plaçaient leurs espoirs dans l’internationalisme et de tous ceux qui se sentaient moins juifs qu’européens.

Sans la Shoah, l'idée d'Israël n'aurait sans doute pas