Les quatre hommes cagoulés sont entrés dans le village au début de la nuit, juste après la fin de la célébration du mariage par l'imam, et ont ouvert le feu dans la maison où les hommes priaient. Puis ils sont passés dans celle où étaient les femmes et les enfants, continuant de tirer, lançant des grenades avant de prendre la fuite à la faveur d'un vent de sable. «C'était un carnage, ils étaient tous effondrés, baignant dans leur sang sur le tapis de prière. Dans la cour, il y avait une demi-douzaine d'autres femmes tuées et d'autres encore dans la maison derrière. Alors nous avons pleuré et prié… Que pouvions-nous faire d'autre ?» raconte Abdullah Akan 55 ans, du village de Bilge que les Kurdes, majoritaires dans cette région du sud-est de la Turquie, appellent Kerte. Au moins 44 personnes dont 6 enfants et 17 femmes (3 étaient enceintes) ont été massacrées. Les fiancés et leurs parents figurent parmi les victimes.

Vendetta. En venant masqués, les assaillants voulaient détourner l'enquête vers une piste politique ; une vengeance des rebelles séparatistes kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) contre ce hameau de 300 personnes, un fief des «gardiens de village» - supplétifs des forces de sécurité qui affrontent la guérilla, longtemps très active dans ces derniers contreforts anatoliens dominant la plaine de Mésopotamie.

Des témoins ont néanmoins reconnu les tueurs. Il s'agirait d'un règlement de compte au sein de la famille Celebi, celle